Puis survient
la Fronde : de 1648-1653, tout le monde désobéit
au pouvoir royal, tantôt ce sont les nobles, tantôt
ce sont les bourgeois, tantôt c'est le peuple de Paris.
En janvier 1649, j'ai dix ans. À trois heures du
matin, on me réveille, on me jette dans un carrosse, il
faut s'enfuir, quitter Paris pour échapper au peuple révolté
et se réfugier auprès des troupes fidèles
dans I'ancien château de Saint-Germain-en-Laye, glacial,
abandonné, sans meubles, sans feu, sans fenêtre.
Deux ans plus tard, nouvelle alerte. Cette fois, les Parisiens
se méfient; ils veulent être sûrs que nous
ne nous préparons pas encore à fuir. Les manifestants
envahissent le palais du Louvre; toute la nuit, guidés
par la reine, ils vont défiler silencieusement dans ma
chambre, où je fais semblant de dormir à poings
fermés.
En avril 1652, j'ai plus de treize ans, officiellement
je suis majeur. Mon armée est battue, les princes rebelles
sont à deux doigts de me capturer.
Mais en 1659 la paix des Pyrénées est signée
entre la France et l'Espagne. Par ce traité j'épouse
ma cousine Marie-Thérese en 1660. Ce mariage n'est
pas le résultat d'un coup de foudre mais la dot de ma femme
est immense et arrange les affaires du royaume.
Enfant, puis adolescent, j'aurai tout subi: les menaces
des nobles, l'audace des bourgeois, la révolte des peuples.
Alors je me suis endurci. Je me dis que cela ne doit plus jamais
m'arriver. Je vais construire à Versailles un palais immense,
loin de ce Paris dangereux; je vais transformer les nobles insolents
en courtisans dociles, je choisirai mes ministres dans des familles
sans gloire qui me devront tout. Et lorsque Mazarin mourra en
1661 je choquerai la France en ne choisissant pas de 1er
ministre, pour pouvoir gouverner seul.
Le plan de Versailles
Cette idée de palais m'est venue au soir de la mort
de Mazarin, alors que j'étais invité dans le somptueux
château de Vaux-le-Vicomte du surintendant des finances,
Mr. Fouquet. Je fus tellement émerveillé par son
château que je tombai vite jaloux. Il était impensable
qu'il possède une demeure royale. J'avais maintenant le
pouvoir absolu et je condamnais Fouquet au bannissement perpétuel
et à la confiscation de tous ses biens.
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