Le naufrage
 Alors que j'amorce le virage,près du littoral de Terre-Neuve mon flanc droit est déchiré par l'iceberg sur une longueur de 76 mètres. Cinq de mes seize compartiments cèdent. C'est un de trop.
Dans les salons, les passagers n'ont rien ressenti et la soirée se poursuit.
Mais le capitaine, lui, a réalisé l'ampleur du désastre et ordonne l'embarquement des femmes et des enfants dans les canots de sauvetage. Mais 20 canots ne peuvent sauver 2228 personnes
Et je vois s'éloigner les premiers canots avec 28 personnes, alors qu'ils pourraient en contenir 65 : et je hurle "je vais couler" "fuyez" mais personne ne m'entend. Personne ne m'écoute, tous ont encore confiance dans ma puissance. S'ils savaient ...

 

 


A 00:15 le premier appel est lancé, sans réponse.
A 00:45 le Carpathia entend enfin notre message de détresse et lance son navire vers nous à sa vitesse maximale : 17,5 noeuds. Il lui faudra 4 heures pour arriver mais il ne me faut que 2 heures pour couler.

A mon bord, c'est la panique. Les passagers ont compris l'ampleur du désastre mais même dans les naufrages les troisième classe restent les troisième classe et leurs chemins sont barrés par des grilles métalliques.
Je m'enfonce de plus en plus. L'eau s'engouffre par toutes mes ouvertures et déjà la moitié de mon corps se noie.
Les occupants des canots déjà en mer repoussent les gens qui sont dans l'eau à une température d'environ 7 degrés pour ne pas être déséquilibrés.

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A 2:18 ma coque se brise en deux, et en deux minutes, j'emporte avec moi au fond de l'eau plus de 1500 personnes.

Sur mes 2228 passagers, 700 seront sauvés et 1528 ne verront jamais le  "Nouveau Monde".
La folie des hommes m'a rendu coupable de ce désastre.
A 4:25 le Carpathia arrive pour constater le naufrage et secourir les 700 survivants.
Je n'oublierai jamais les cris des enfants, les pleurs des mères, les visages ravagés par la peur, les yeux pleins d'amour qui se disent au revoir, les mains qui ne peuvent plus se joindre

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