Pour gouverner, je choisis de bons ministres, comme Turgot, Necker
et Calonne. Je supprime le servage et je décrète
l'abolition de la torture. Mes ministres se sont efforcés
d'améliorer le régime des prisons. Turgot prépare
l'établissement d'un état civil pour les protestants
toujours tenus pour des sujets de second rang et légalement
privés de droits.
Mais voilà, le royaume de France a besoin de réformes
plus profondes. Inégalité de naissance, de condition
sociale, inégalité devant la justice et l'impôt.
Les tentatives successives de réforme par Turgot, Necker
et Calonne se heurtent au mur des privilèges. Les crises
agricoles, industrielles, commerciales et sociales se succèdent:
elles font apparaître l'unanimité du tiers état
face à la noblesse et au clergé. Si une partie de
la petite noblesse vit dans la pauvreté, la misère
frappe des couches sans cesse plus larges de la population, car
l'économie est en crise. Les prix montent plus vite que
les salaires. Les chômeurs abondent, tant dans les villes
que dans les campagnes. Les mendiants sont partout. Parfois les
miséreux vivent en bandes de hors-la-loi, inspirant la
crainte.
Rien ne va plus.
Et ce n'est pas tout! Si être fantôme n'est pas de
tout repos, ma vie de roi a été pire encore. Ma femme, la jeune reine Marie-Antoinette dépense
sans compter. L'affaire du collier de la reine éclate!
Elle devient très impopulaire. L'hiver 1788 est terrible.
La famine menace.
Les caisses de l'état se vident. J'ai voulu apporter l'aide
de la France aux 13 colonies anglaises d'Amérique qui luttent
pour leur liberté. L'Angleterre doit finalement reconnaître
l'indépendance de ses colonies, qui deviennent les Etats-Unis
d'Amérique. Cette guerre ruine un peu plus les finances
royales.
Les parlements se révoltent! Je me résous à
convoquer les Etats généraux, les députés
des trois ordres: le clergé, la noblesse et le tiers état.
Mais quels délégués siègeront aux
Etats généraux? Je double la représentation
des tiers, malgré les protestations de la noblesse.
Le 5 mai 1789, j'ouvre solennellement les
Etats généraux au milieu de conflits ouverts entre le tiers, le clergé
et la noblesse. Chacun accusant l'autre de tous les maux. Chacun
essayant de tirer la couverture à lui. Mon discours et
celui de Necker ne mentionnent aucun programme politique ou éclaircissement.
Tous sont déçus.
Et l'histoire continue à s'écrire. Si j'en avais connu la fin à l'avance! Le 17 juin 1789, le tiers état se proclame Assemblée nationale! Le 20 juin, les députés se réunissent dans une salle de jeu de paume et jurent de ne jamais se séparer avant que la Constitution du royaume soit établie, c'est-à-dire créer un texte qui organise les relations entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés. C'est le fameux serment du Jeu de Paume.
Un peu après, la noblesse et le clergé rejoignent le tiers état. Je m'oppose aux députés. La révolte gronde. Le 14 juillet, le peuple prend d'assaut la Bastille. La révolte est devenue révolution.