Charles marchait silencieusement. Il croyait être un
preux chevalier grâce à la bonne action qu'il avait
faite mais la douleur que ressentaient ses pieds était
grande et lui rappela son triste destin. Mais ça ne faisait
rien.
S'en était trop, la douleur était trop grande. Un
caillou s'était logé dans le cuir de sa semelle
et lui perçait le talon à chaque pas. Charles s'assit
sur le bord de la route et ôta ses chaussures de ses pieds
en sang. Il se les massa doucement et se rappelant des moyens
de guérison de sa mère, il coupa des feuilles d'Aloe
Vera et de thym sauvage avec lesquelles il se frotta les plaies.
Il arracha alors un morceau de tissu de son long mouchoir et se
fit un bandage. Épuisé, Charles s'allongea dans
les hautes herbes et ferma à demi les yeux, la chaleur
était grande. Il observa le ciel et le soleil et conclut
qu'il était cinq heures : il devrait bientôt chercher
un logis pour la nuit à venir. Épuisé, il
s'endormit lentement.
Il se leva enfin au bruit d'une charrue tirée par des bufs.
Il courut vers l'homme qui était à la tête
de cette boutique ambulante et lui demanda :
« Oh monsieur Pourriez-vous m'indiquer le village ou la
ville la plus proche ?
- Monsieur, la ville de Montpellier est-elle droit devantJ'y vais
Pourriez-vous m'y conduire ?
- Bien sûr ! Montez derrière et ne touchez à
rien ! »
Charles grimpa derrière l'étrange charrue et observa
les collines et les champs qui passaient devant ses yeux. Peu
de temps après, il aperçut l'enceinte de Montpellier.
« Descendez jeune homme, lui dit l'artisan, et si vous cherchez
une auberge, il y a celle du Vin des Moines ! lui lança
l'artisan dés que Charles fut sur la terre ferme.
Charles chercha longuement le lieu que lui avait indiqué
l'homme et le trouva enfin grâce à l'aide d'une jeune
bourgeoise.
Il aperçut l'enseigne de loin et s'arrêta devant
le bâtiment qui la portait . C'était un monument
inconnu pour lui, de quatre étages au moins ! Il tira la
porte timidement et aperçut l'aubergiste au comptoir.
« Que voulez-vous monsieur ? dit l'aubergiste en le dévisageant
lentement.
- Une couchette et un dîner, répondit courtoisement
Charles.
- Avez-vous de quoi payer ? demanda le méfiant aubergiste.
- Bien sûr ! déclara Charles et l'aubergiste comprenant
que Charles était naïf
lui déclara :
- 100 sous !
- C'est bien cher mais tenez. Que servez-vous ?
- Du potage et du vin., lui annonça l'aubergiste heureux.
- Puis-je aller à ma chambre ?
- Bien sûr ! Premier étage, première porte
à gauche. Vous devrez la partager avec trois autres hommes.
»
Charles monta et entra dans sa chambre. Elle contenait quatre
lits : deux d'un côté perpendiculaires au mur et
deux autres de l'autre côté de la salle, face aux
deux premiers. À droite de chaque lit, il y avait une table
de bois rugueuse et faite sans grande attention et sans patience
: plusieurs étaient bancales. Les murs étaient d'un
blanc sale et la fenêtre était couverte de taches
noires. Un rideau de lin les recouvrait. Au fond de la salle,
il y avait une bassine d'eau croupie dans laquelle beaucoup s'étaient
baignés et n'avaient pas changé l'eau.
Charles ôta son chapeau , son sac et son bâton qu'il
posa sur une table. Il descendit alors pour souper. Il s'assit
à une table devant la cheminée où une jeune
pucelle vint lui servir à manger. Elle remplit un large
bol de terre de potage, qui reposait dans une marmite sur le feu,
et lui apporta une petite cruche de vin. Charles la remercia et
soupa seul. Enfin, fatigué et repu, il alla se coucher.
Le lendemain, il se leva de bonne heure et se rendit au rez-de-chaussée
pour déjeuner. La pucelle revînt lui servir un pain
et une cruche de lait de chèvres. Il lui demanda :
« Savez-vous où se trouve l' université de
Montpellier ? J'en ai tant entendu parler de la bouche de voyageurs
- Au centre ville, à droite de la place, face au couvent.
»
Charles prit ses affaires dans sa chambre et lorsqu'il versa le
reste du lait dans sa gourde et enveloppa le pain d'un mouchoir,
il surprit une conversation entre deux hommes :
« Ah, avec les gitans d'hier soir, on s'est bien amusé
- Oui, on les a bien faits danser !
- Oh, mais le vieillard , t'aurais du l'épargner, t'est
vraiment trop cruel, dit
un homme en ricanant
- Et toi la gitane t'aurais pas dû.
- Mais, c'est qu'elle était belle cette petite diablesse
Charles intervint :
- Messieurs, ce que vous faites n'est pas courtois à l'égard
des dames !
- Qu'est-ce tu nous veux le morveux ?
- Rien, mais je voudrais savoir pourquoi vous traitez ces gens
comme des chiens
- Car il viennent sur nos terres, mangent nos récoltes
et nos animaux et nous ensorcèlent !
- Alors, si tel est le cas, ils devraient être pendus après
un jugement !
- Tu n'es pas d'ici petit, tu ne devrais pas te prendre pour un
juge, bon et francsurtout avec nous
- Tout homme devrait être bon, juste et franc monsieur Vous,
vous vous comportez comme un vilain »
Sur ce, l'homme se jeta sur Charles, l'empoigna et le mit à
terre, puis le frappa de sa lourde main. La pucelle accourut et
cria :
« Arrêtez ! Mais lâchez-le ! Arrêtez !
»
Le deuxième homme lui barra l'entrée. Alors elle
hurla dans la cage d'escaliers :
« Monsieur Gallard ! Monsieur Gallard ! »
L'aubergiste monta lorsque l'homme lâcha finalement Charles.
Celui-ci se dépêcha de sortir et de marcher, courbatu
par les coups qu'il avait reçus, en direction de l'université
qu'il trouva facilement.
Il pénétra dans l'université et marcha dans
une salle qui était ouverte. Il y entra et constata que
c'était la bibliothèque. Il regarda fasciné,
les étagères couvertes de manuscrits. Charles était
tellement captivé, qu'il n'entendit presque pas la voix
d'un vieillard :
- « Vous cherchez quelque chose ?
- Euh Non. Point du tout, balbutia Charles surpris de trouver
quelqu'un
dans cette salle
- Vous ètes triste, battu. Vous vous posez des questions
?
- Oui.Un homme m'a battu lorsque j'ai fait une remarque sur son
comportement.Infâmeenvers des gitans
- C'est le comportement habituel maintenant avec ce peuple.
- Mais pourquoi ? Ils sont civilisés, mais.
- Simplement différent. Je suis un professeur de cette
université, je suis philosophe
- Mais pourquoi est-ce que la différence compte, tout le
monde est différent !
- Oui mais, mentalement, nous avons tous les mêmes idée
sur le mondem, car nous avons été élevés
dans une société qui nous a incité à
croire ce que l'on croit aujourd'hui
- Mais les gitans ont été élevés dans
une autre société bien différente de la notre
- Voilà ! Vous avez compris jeune homme. Vous ètes
très intelligent, vous devriez faire vos études
parmi nous
- Je ne peux pas , pas maintenant en tous cas, car je suis en
pèlerinage à St. Jaques de Compostelle, pour sauver
ma mère.
- Prenez garde, la route est longue et dangereuse, et vous ètes
encore bien jeune
- Je reviendrez ici pour étudier, si ma mère guérit.
- Bonne chance et prenez garde au monde, il réserve bien
des surprises ! »