Après avoir retrouvé la route du pèlerinage,
Charles marcha jusqu'à Pau tout en mangeant et en dormant
de temps à autre. Il était fatigué et voulait
retourner chez lui mais repensa à sa mère, quant
elle regardait par la fenêtre et aux long soupires de fatigue
et de peine qu'elle poussait. C'était là, la source
de sa force. Il ne voulait pas que sa mère meure de sa
faute.
Il quitta donc Pau et marcha. Son pantalon déchiré
en bas devenait plus lâche à la taille. Il tenait
autour des anches de Charles grâce à une ficelle
que celui-ci avait trouvé sur sa route. Un soir qu'il marchait
la tète dans les nuages, de la lumière attira son
regard. Il y avait des flammes qui coupaient le ciel noir étoilé.
Charles, intrigué, s'approcha. C'était une seigneurie
qui fêtait les retrouvailles d'un troupeaux de moutons du
plus riche seigneur des alentours. Charles s'introduisit dans
la foule. Il y avait un gros banquet avec une énorme quantité
de nourriture : des fruits, de la viande à volonté,
quelques légumes, différents déserts, des
boissons, du vin Charles n'eut pas peur de se servir tellement
il avait faim. En plus il avait eu de la chance de ne pas utiliser
toutes ses provisions. Alors qu'il se servait d'une troisième
cuisse de poulet, il entendit une voix familière. La voix
le mena jusqu'à son propriétaire.
Il était décoiffé, ses habits sales étaient
déchiquetés et il lui manquait une chaussure. Il
dansait sur une table et faisait rire des gens et effrayait les
autres. Charles, en s'approchant de cette personne qui semblait
être folle, se rendit compte que c'était un ami de
son grand frère, Arthur. Il s'appelait Bernard et avait
fait ses classes scolaires avec Arthur. Ils se connaissaient assez
bien pour avoir des conversations qui duraient au moins dix minutes.
Bernard connaissait Charles aussi bien que Charles le connaissait.
Charles s'approcha de la table où Bernard dansait sans
se faire remarquer. Il sentit l'odeur du vin et eut la tète
qui tourna quand Bernard le remarqua et cria :
- Et, c'est le p'tit frère d'Arthurummm.Charles ! dit-il
après avoir réfléchi quelques secondes. Charles
fut embarrassé par le regard de la foule qui se retournait
sur lui grâce à la direction du doigt de Bernard.
Charles monta sur la table et dit dans son oreille:
- Suis-moi. J'ai quelques mots à te dire".
Charles comprit qu'il avait accepté au hochement de sa
tête.
Charles, suivi de Bernard s'introduit dans une ruelle déserte.
Il commença:
-Qu'est-ce qui t'a pris de me parler ainsi ?
-J'sais pas, j'ai la tête qui tourne.
- Allonges-toi, reposes-toi on verra ça demain matin. Ils
dormirent côte à côte sous le manteau de Charles
pour se tenir chaud.
Le lendemain matin, ils mangèrent du pain et des fruits
que Charles avait gardés dans son sac du soir de la veille.
En petit déjeunant, Charles demanda à Bernard:
-Pourquoi as-tu quitté Nice?
- Tu es au courant du meurtre
- Oui et bien?
- C'est moi l'assassin."
Charles resta la bouche ouverte sous le choc que cette nouvelle
produisait en lui. Bernard continua.
- Tu avais amené à M. Delapallis pendant l'absence
de sa femme une épée qu'il avait commandée.
Tu es venu me l'annoncer pendant l'après-midi, c'est pourquoi
je suis au courant. Sachant cela et sachant que j'ai été
endetté envers lui, sa femme absente, je me suis dirigé
vers son appartement et je l'ai tué avec l'épée.
Sa femme arriva quelques minutes après, le découvrit
et sachant que toi tu l'avais amené , toute la ville te
soupçonne. Moi je n'y retourne pas."
Charles était choqué et effrayé. Il n'en
parla pas plus et n'essaya pas d'approfondir la conversation.
Ils se quittèrent et Charles retrouva le chemin du pèlerinage.