Dans la nuit sombre, Charles marchait tristement et distraitement.
Il avait à l'esprit la jolie figure de la princesse, ses
cheveux bruns, ses mains agiles qui jouaient de la harpe et sa
douce voix qui charmait la cour. Son cur et sa tête étaient
tout entiers préoccupés. Il ne faisait donc pas
attention à la douleur de ses pieds et de ses jambes ni
à la route. Le chemin terreux créait de la poussière
à chaque pas. Des broussailles, des buissons et des arbustes
le bordaient et s'accrochaient aux bas de son pantalon. Charles
alors revint à lui en réalisant que le chemin devenait
de plus en plus étroit : il avait abandonné la route
principale.
En voyant des habitations et des lumières, il marcha jusqu'à
la place principale de ce lieu. Il dormit sous le préau
avec son manteau chaud et son sac comme oreiller.
Un coup de pieds dans l'épaule le réveilla brutalement.
Le maréchal de la brigade lui demanda :
« Qui êtes-vous ? Que faîtes-vous ici ? Vos
papiers ! »
Charles lui répondit alors :
- Je suis Charles Nonancourt et je suis en pèlerinage de
Grasse à Saint Jacques de Compostelle. Où suis-je
? lui demanda-t-il en regardant autour de lui.
- Vous êtes à Moissac, un petit village à
l'Est de Toulouse. »
Charles s'affola et lui demanda :
- Suis-je loin de la route du pèlerinage ?
- Oh non ! Pas énormément.
- Ouf ! Merci. »
Charles fit son sac et marcha autour de la ville. Il vit un monastère
et y entra. Il fut émerveillé par les vitraux et
le chur. Il trouva du regard un confessionnal.
En s'agenouillant, il raconta aux prêtres sa mésaventure
dans la seigneurie, avec la princesse, le baron, le comte, le
mariage, sa honte Il parla pendant au moins une heure. Puis, quant
il eut fini, il sortit manger. Il mangea un bout de ce qu'il lui
restait de provisions : une miche de pain, un bout de fromage
et de l'eau. Après s'être rassasié, il marcha
sur la route du pèlerinage.