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narratif

 Chapitre 4

 Page de titre de ce roman

Charles avait bien compris cette première leçon sur la vie. Après ce court entretien avec le philosophe, il avait repris la route. Il s'arrêtait souvent près de la mer pour contempler l'horizon. Il coucha dans les petits villages provençaux mais sentit que l'atmosphère et la vie changeait au fur et à mesure qu'il avançait vers son but. Ça sentait l'Espagne, lui disait-on souvent, lorsqu'il interrogeait ses hôtes à ce sujet. Il voulait bien les croire, mais ajoutait que sa sentait aussi l'Italie. En effet, les italiens qui le suivaient depuis son départ le rattrapèrent facilement grâce à toutes ses pauses et à ses arrêts. Des dizaines d'italiens, en petits groupes le dépassaient. Cela l'amusait de voir ces gens avancer avec leurs ânes, leurs carrioles et leurs habits sobres et colorés. Les vieux conduisaient les carrioles, les enfants étaient assis sur les ânes et les adultes et jeunes adultes marchaient en se parlant et en surveillant les deux ou trois chèvres ou moutons qu'ils emmenaient avec eux sur la route.
Charles marchait souvent à côté d'eux et cela lui apportait une grande joie. Il écoutait leur langage musical, observait leur cortège et admirait la mer qui scintillait auprès d'eux. Il aurait tant voulu être invité à leur veillées, mais, il était arrivé à Toulouse et le comte de Toulouse, Sire Guillemet de Toulouse, faisait un festin (dont le but ou la raison était inconnus à Charles) et où touts les pèlerins était invité à s'y joindre.
Charles trouva un logis chez des paysans qui lui laissèrent le grenier à foin au-dessus de l'étable. Il brossa ses habits et se lava le visage et les mains dans l'abreuvoir avec une savonnette.
Le soir, il se rendit à la cour du comte qui avait invité troubadours, saltimbanques et comédiens. Les tables était servies et chacun mangeait à sa faim. Après le dîner, pucelles damoiselles et dames vinrent chercher la compagnie des prud'hommes et des courtois. Charles remarqua alors immédiatement une pucelle d'une beauté extraordinaire. Elle semblait seule, perdue, confuse et oubliée. Charles s'assit près de cette belle créature et lui parla d'aventures, de rêves et d'expéditions. La jeune femme sourit au regard de ce bel homme qui cherchait à la faire rire et, osait la séduire. Ils s'écoutaient avec une telle qu'ils n'aperçurent même pas les quelques figures imposantes masculines se rapprocher d'eux. Charles contait ses mésaventures à Montpellier lorsqu'une voix puissante l'interrompit :
« Vraiment ? ça doit être pour ça qu'il est si tordu ! » riaient les autres. La jeune fille tourna la tête en se mordant les lèvres et en se tournant les mains. Charles fit face à son interlocuteur et le dévisagea. L'homme était grand et musclé. Son visage était fort et droit. Il portait une barbe et un habit de coton vert. Il avait une lourde cape d'hermine qui montrait son poste important dans la société. Un chevalier ? Ou peut-être même, un seigneur ?
« Monsieur, vous dérangez ma conversation avec ma jeune amie ! » dit Charles offensé et avec grand courage.
« Avec ma femme ! », tonna l'homme enragé.
« Sire D'Elbeuf, je sais que c'est votre jour de noce et que vous ètes offensé par lr comportement de ma fille, mais, s'il vous plaît, ne faites point de scandale. », dit la voix tremblante du comte. Ceci expliqua à Charles la grande erreur qu'il avait commise. Le sire D'Elbeuf arrangea sa cape et leva la tète, puis dit au comte :
« Je ne ferais point de scandale, calmez-vous ! ».
La foule rassurée se dispersa. Seul Sire D'Elbeuf resta en compagnie de quatre autres hommes. Il leur murmura quelque chose à l'oreille et partit rejoindre sa femme, encore une fois attristée, et son beau-père.
Les quatre hommes sourirent cruellement et deux d'entre eux lui prirent les mains et les lui plaquèrent dans le dos. Ils l'emmenèrent hors du château jusqu'à une mare. A ce moment-là, les deux autres hommes le poussèrent sur le sol et lui prirent les pieds. À quatre, ils le jetèrent dans l'eau opaque et froide de la mare. Alors que Charles se relevait, il vit les quatre hommes s'éloigner en riant vers le château. Charles s'éloigna dans la nuit, les yeux rouges, les oreilles bourdonnantes vers un lieu qu'il ne connaissait pas. Il n'avait aucun sens de l'orientation mais, il avançait les pieds engourdis par le froid pour oublier ce qu'il était devenu, la risée et l'objet de moquerie du sud de la France.

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