1930, 1934, 1938, 1950, 1954, 1958, 1962, 1966, 1970, 1974, 1978, 1982, 1986, 1990, 1994, 1998.
Alors, l'homme s'attache au jeu, second moteur de la vie, après le pain, dans la hiérarchie du nécessaire. La logique de I'art, c'est le dépassement, celle du jeu, c'est I'affrontement avec le réel, vécu et éprouvé, sinon approuvé. Ce que le philosophe Michel Serres disait à propos du rugby (qui fonctionnerait comme un de ces "moyens cachés, archaïques qu'ont les hommes de se relier les uns aux autres") est encore plus pertinent pour le football, du fait de son universalité. Cela veut dire que si ce jeu s'est aussi fortement implanté un peu partout à travers le monde, et sur un mode aussi passionnel, c'est que sa pratique permet aux hommes de se connaître et de se reconnaître. Grands et petits, jeunes et vieux, hommes et femmes (de plus en plus), tout le monde joue au football, sans distinction de race ni de classe.
Le ballon - rond, pour mieux s'échanger - serait-il tout simplement l'incarnation de ce besoin de communiquer, de ce besoin d'amour qui est une des notions privilégiées de I'humanité? Amour-foot, n'en déplaise au surréaliste André Breton et aux auteurs, en 1986, d'un beau dossier du même nom sur cette religion moderne."
texte de Michel Platini
