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Après bien des heures de marche, la troupe de voyageurs
trouva enfin une ville dans laquelle se reposer.
La ville se nommait Sahagun. Puisque les voyageurs étaient
arrivés dans l'après-midi, ils purent visiter quelque
peu la ville. Celle-ci était ancienne. On le voyait aux
murs sales et abîmés. Les rues étaient toutes
étroites et courtes, laissant passer peu de personnes à
la fois. En effet, les gens se bousculaient pour passer dans les
rues et plusieurs fois, Marie, Charlotte et Jacques se perdirent
de vue. Comme les rues n'étaient pas longues, ils finissaient
par se retrouver mais l'agitation de la ville les incita à
aller se réfugier dans une auberge.
La joie de Marie, de Jacques et de sa mère fut grande quand
ils entendirent un homme dire que Saint Jacques de Compostelle
n'était plus qu'à trois ou quatre jours de marche.
Avant de partir, les pèlerins demandèrent au maître
de la maison si il restait une chambre dans laquelle ils pouvaient
dormir. Malheureusement, aucune n'était libre.
Après que les pèlerins eurent cherché pendant
plusieurs heures une auberge dans laquelle dormir, Jacques leur
dit :
" Je ne vois pas d'autre solution que de dormir dans la rue
- En effet, répondit Charlotte.
- Attendez! s'écria Marie. Dans le couvent où j'étais,
les surs parlaient souvent du monastère clunisien qui hébergeait
souvent les pèlerins car Saint Jacques de Compostelle n'était
pas loin."
Heureux d'apprendre de si bonnes nouvelles, les étrangers
commencèrent à chercher des renseignements sur le
lieu de ce monastère. C'est d'un ivrogne titubant dans
la rue qu'ils purent apprendre où était l'endroit
recherché. Ils durent verser bien des seaux d'eau sur la
tête pour que l'homme reprennent ses esprits et leur indique
le chemin à prendre pour rejoindre le monastère.
Quand ils arrivèrent, quelle ne fut pas leur surprise de
voir un endroit désert. Ils décidèrent tout
de même de rester dans l'enceinte pour la nuit, sans rentrer
à l'intérieur, car Marie leur avait expliqué
que ce n'était pas permis. En effet, les moines appartenant
à l'ordre clunisien ne rentraient jamais en relation avec
les hommes de tous les jours; ils les laissaient seulement rester
pour la nuit ou se nourrir.
Le lendemain matin, quand les pèlerins se réveillèrent,
ils furent entourés par des hommes habillés de noir
et de blanc.
Parce que la nuit précédente, avait été
noire, les voyageurs n'avaient pas pu admirer le bâtiment.
En effet, le monastère était magnifique. Tout autour
d'eux, on trouvait des murs d'épaisses briques grises.
A leur gauche, on trouvait une chapelle magnifique ornée
d'une croix gigantesque sur le toit. Les murs de la chapelle étaient
ronds et solides. Le toit était fait de bois brun décoloré
par la pluie. A leur droite, on trouvait un long bâtiment
percé de fenêtres à barreaux. A travers les
fenêtres, on apercevait des lits de bois et de paille. Devant
eux, trois immenses portes étaient ouvertes donnant accès
à de grands greniers vides.
" Que faites-vous ici? " dit alors une voix grave venant
de derrière eux.
Ils se retournèrent pour faire face à un homme grand,
aux larges épaules, semblant fort et robuste. Il portait
lui aussi la robe de moine que les autres portaient.
" Alors, que faites vous ici? répéta-t-il
- Nous ne savions où loger la nuit dernière et on
nous a indiqué ce monastère, nous sommes venus,
nous n'avons vu personne mais nous étions fatigués
donc nous nous sommes couchés ici, sans rentrer, car nous
savions que cela nous était interdit, répondit Jacques
presque tremblant.
- Etiez-vous là , la nuit d'avant?
- Non, nous étions en route pour Sahagun, continua t-il".
D'un air douteux, le moine les aida à se relever. Puis
son visage s'éclaircit et il dit:
" Excusez-moi pour cette interrogation peu polie mais malheureusement,
notre monastère a été pillé il y a
deux jours et nous nous sommes tous cachés dans les caves
et nous ne sommes ressortis que ce matin. Comme vous pouvez le
comprendre, nous vous avons soupçonnés mais veuillez
nous en excuser car c'était une erreur, nous en sommes
maintenant persuadés".
Rassurés, les voyageurs racontèrent alors aux moines
leur périlleux voyage à Saint Jacques de Compostelle.
A leur tour les moines leur racontèrent leur aventure en
compagnie de ces voleurs de grands chemins. Ils leur montrèrent
alors leurs greniers à blé, vides, ayant été
pillés deux jours auparavant.
Désolés pour ces moines sans argent ni nourriture,
les pèlerins décidèrent de partager leurs
restes de provisions. Les moines, comblés de la gentillesse
des pèlerins, les remercièrent mille fois. Après
ce déjeuner amical, Marie, Charlotte et Jacques décidèrent
de continuer leur route. Après de nombreux adieux et mercis,
les voyageurs partirent laissant les moines, ruinés, mais
convaincus d'avoir fait bon acte envers Dieu.
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