Comme Marie et Jacques avaient presque retrouvé leur
santé, Charlotte décida que tous les trois pourraient
aller voir la pièce de théâtre jouée
par leurs nouveaux compagnons. Jacques, bien qu'il essayait de
le cacher était évidemment très excité.
Ils durent marcher toute la journée car ils étaient
à Castres et l'église où se passait le spectacle
était à St. Sernin de Toulouse. Lorsqu'ils y arrivèrent,
le spectacle commença et ils virent que leurs amis n'y
jouaient pas. Cette pièce de théâtre était
une pièce liturgique, mais, comme Marie, Charlotte et Jacques
allaient le découvrir, des farces étaient intercalées
entre les actes de cette longue pièce. Cette pièce
religieuse était jouée par les prêtres de
l'église. Elle ennuyait le trio. Les petites pièces
comiques jouées par leurs amies les trouvères leur
plurent beaucoup et ils s'amusèrent bien cette nuit-là.
Après la pièce, Marie, Charlotte, Jacques, Valérie
et les autres trouvères allèrent manger dans une
petit taverne près de l'église. Le bâtiment
en pierre avaient un toit bas, comme la plupart des maisons de
la rue. Des fleurs rouges, orange pâle, et jaune vif, se
trouvaient dans deux parterres de fleurs marrons. Lorsque les
compagnons entrèrent le taverne, une jeune femme les salua
et les fit asseoir. Après que chacun eut commandé
ce qu'il voulait manger, les amis commencèrent une conversation
sur un sujet qui les touchaient tous.
« Le seigneur de mon amie, commença Valérie,
lui demandait trop, mais mon amie ne put rien faire car elle n'aurait
plus eu de maison pour vivre.
-Mais pourquoi est-ce qu'il ne trouve pas un autre seigneur ?
demanda Marie, une grande inquiétude se lisait dans ses
yeux.
-Et bien, il vit avec ses parents, sa femme, et ses dix enfants,
et la plupart des seigneurs ces jours-là n'avaient pas
de place pour une famille de 14, même si neuf d'entre eux
pouvaient travailler la terre, reprit Valérie.
-Je trouve vraiment que la vie n'est pas juste, ajouta Jacques,
certaines personnes, comme les seigneurs, ont tellement d'argent,
et de terre et ne travaillent presque jamais. Et puis il y en
a d'autres qui travaillent comme des fous jour et nuit seulement
pour avoir une miette de pain.
-Oui, dit un des trouvères, notre société
a de gros problèmes. Pendant que les gens rigolent de nos
farces, nous pensons au nombre de centimes que nous allons collecter
après le spectacle.
-C'est la vie je suppose, s'exclama Charlotte d'un ton exaspéré,
et ils commencèrent tous à manger. »