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Tous deux impressionnés par cette aventure, Charlotte
et Jacques demandèrent à Marie :
« Et pourquoi donc viens-tu à Saint Jacques de Compostelle
? »
L'air ennuyé, Marie ne répondit pas et continua
à fourrer toutes ses affaires dans son sac. Après
avoir renvoyé Henri et l'avoir payé, elle répondit:
« Très bien, nous pouvons maintenant partir
- Oui, dit Jacques, mais comment remercier ces moines qui nous
ont permis de rester sous leur toit pour la nuit ?
- C'est vrai, dit Charlotte, ils ont été très
polis avec nous en nous laissant dormir dans cette université
- Ne vous en faites pas, dit Marie, ce sont des moines mendiants
et c'est leur plaisir d'héberger des pèlerins. Allons,
partons ! »
Poussés par Marie, tous trois partirent vers Saint Jacques
de Compostelle.
Après quatre jours de marche, Marie cessa d'avoir autant
d'entrain. Elle se traînait et se plaignait à chaque
instant. C'était maintenant Jacques qui menait la troupe.
Il semblait épuisé mais la pensée de son
père, abandonné sur les mers, le faisait repartir.
Quand à Charlotte, elle peinait aussi, au bras de son fils.
Marie tomba alors sur le sol. Les deux compagnons se précipitèrent
et la relevèrent.
« Allons, dit Charlotte, remets-toi ! Nous sommes presque
à Castres Là-bas tu pourras manger et boire autant
que tu le voudras Allons donne-moi la main et nous y arriverons!
»
Les paroles de Charlotte ne l'aidèrent pas beaucoup car
tout à coup, elle retomba sur le sol, inconsciente. Jacques
la prit alors dans ses bras et continua à marcher. Charlotte
le suivit.
Apres trois bonnes heures de marche, Jacques s'écroula
aussi. Charlotte, impuissante, posa les deux corps inanimés
contre un tronc d'arbre et attendit, ne sachant que faire. La
seule chose qu'elle fit fut de prier. Elle ne savait que faire
d'autre.
Son vu fut alors exaucé car quelques instants plus tard,
elle entendit des trompettes et le bruit d'une charrette. C'etait
une troupe de trouvères !
Joyeusement, elle se lança à leur rencontre. Ils
étaient environ une vingtaine et semblaient joyeux comme
des pinsons. Des filles et des garçons se trouvaient dans
leur troupe. Ils étaient tous habillés en rouge
sang, jaune vif, orange ou vert amande. Certains portaient des
chapeaux de fous d'autres avaient la tête nue.
Charlotte leur cria :
« Ici ! Ici ! Aidez-moi, je vous en prie ! »
Alertés par ces cris, la troupe se dirigea vers eux. Ils
se penchèrent tous autour des corps inconscients puis,
seule à réagir, une jeune fille s'écria :
« Mais allez donc, il faut leur faire avaler du vin de Bourgogne
Vite ! »
Alors, une agitation folle commença et tous les artistes
coururent à la charrette et en ramenèrent du pain,
du vin, de l'eau Après avoir fait avaler ces ingrédients
aux malades, Charlotte remercia de tout son cur la troupe pour
leur aide.
« Nous allons à Castres, dit un jeune homme, qui
semblaient être le chef, pour une représentation
musicale et vous ?
- Oh nous aussi ! s'écria Charlotte, nous allons à
Castres. Nous allons en pèlerinage à Saint Jacques
de Compostelle.
- Ah très bien, nous pourrons faire la route ensemble jusqu'à
Castres et ensuite
- Oui, ensuite, nous continuerons tout seuls, merci. »
Leur discussion fut interrompue car Marie venait de se réveiller.
Charlotte se pencha vers elle et lui dit doucement : « Ne
t'en fais plus, repose-toi ».
Apaisée par ces quelques paroles, Marie se recoucha. On
transporta alors les deux corps dans la charrette et la jeune
fille, qui avait été tellement efficace au début,
se mit à l'arrière aussi, pour prendre soin des
malades.
Pendant quelques heures de voyage, Jacques et Marie restèrent
endormis mais tout à coup, Jacques se réveilla.
Croyant tomber sur sa mère, il fut surpris de voir ce beau
et jeune visage devant lui.
En effet, la jeune fille était belle et gracieuse. Elle
était blonde et des reflets roux se mêlaient à
ses boucles blondes. Ses yeux étaient noirs, d'un noir
profond. Ses traits étaient doux et simples, sans rides
ni blessures.
« Comment t'appelles-tu ? demanda-t-elle.
- Jacques Sougré et toi?
- Je me nomme Valérie Arc. Je viens de Marseille
- Marseille ? Tiens moi aussi Où sommes nous exactement
? »
Valérie lui expliqua alors toute leur aventure et lui dit
qui elle était exactement.
Valérie venait donc de Marseille ; elle y était
née. Pourtant, elle n'y avait jamais vécu. Ses parents
étaient très pauvres et l'avait abandonnée
quand elle était bébé ; elle ne les avait
donc jamais connus. C'était Georges, le chef de la troupe,
qui l'avait adoptée. Depuis ce jour, Georges l'avait élevée
comme sa fille et lui avait appris le métier de trouvère.
Valérie avait maintenant seize ans. Un an de moins que
Jacques.
Jacques et Valérie continuèrent à parler
jusqu'à leur arrivée à Castres. Ne voulant
pas se quitter, Jacques lui promit qu'il viendrait la voir, le
lendemain soir pour sa représentation. Rassurée,
Valérie l'embrassa et le quitta sans peur.
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